BIOGRAPHIE D'André Van Lysebeth
Jeune homme des années trente, André
Van Lysebeth découvrit le yoga au coeur de son intérêt
pour l'hypnose et l'exploration intérieure. « C'est
l'hypnose qui m'a très tôt, à la fin de mon
adolescence, fait découvrir les immenses potentialités
du psychisme humain, d'autant que dans les livres dénichés
chez mon bouquiniste, je trouvais les indications extraordinaires
de l'hypnose et de la suggestion. Or, quand moi-même j'allais
chez le dentiste, moi j'avais mal ! Il y avait là une anomalie
et c'est elle qui me conduirait plus tard au yoga, en passant par
la méditation en laquelle je voyais seulement une technique
d'auto-hypnose, ce en quoi je me trompais et je men suis vite
aperçu. » André Van Lysebeth rencontra un premier
yogi-fakir à Bruxelles au seuil des années cinquante.
Ils travaillèrent ensemble. Entre-temps il avait étudié
systématiquement les nombreux ouvrages de Swami Shivanada.
A la demande de diverses personnes, il commença à
partager et transmettre lexpérience du yoga.
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Julien Tondriau me téléphone peu de semaines plus tard
en me disant que la télévision belge (elle venait de
débuter) voulait diffuser une émission sur le yoga.
Il me demande si j'accepte « Pourquoi pas ? » Et c'est
ainsi que nous avons sommes tous deux convoqués un vendredi
soir Place du Sablon, dans un café - lieu insolite -, pour
y rencontrer la présentatrice, France Hardy (rien de commun
avec Françoise Hardy), qui devait présenter l'émission
programmée pour le lendemain, samedi. Nous arrivons vers 19
heures dans ce café enfumé plus les relents de bière
où tous les présentateurs et réalisateurs d'alors
se réunissaient dans une ambiance très St Germain-des-Prés.
On me présente Madame France Hardy, qui demande d'emblée
: « Qu'avez-vous préparé ? » Tondriau lui
demande : » Pardon ! Qu'avez-vous préparé ? »
Rien. Chacun avait compté sur l'autre partie pour préparer
le programme. Mais la présentatrice ne se laisse pas démonter
pour autant. L'émission ne passe qu'à dix-sept heures,
venez donc, me dit-elle, au studio de la place Flagey à quatorze
heures, ainsi nous aurons tout le temps de préparer l'interview.
» Entre-temps, nous discutons un peu « yoga » et
me dit qu'elle souhaite surtout des choses visuelles, donc des âsanas,
mais elle semble personnellement vraiment intéressée
par cette chose encore mystérieuse qu'était le yoga
en ce temps-là, déjà bien lointain !
A cette époque, tout passe encore en direct, donc on travaille
sans filet et je n'ai aucune expérience en matière
de télévision. Je me mets sur la tête, noue
les jambes en lotus. « Silence ! on est sur antenne »,
dit un gars derrière la caméra... » et c'est
parti ! Comme convenu, je redescends au sol et me retrouve en lotus
devant France, qui d'emblée me pose sa première question.
Elle et moi oublions la caméra et une question amenant la
suivante, l'interview passe comme un éclair. Tout est O.K.
avec les félicitations du réalisateur. En effet, pour
France et moi ce fut seulement une conversation intéressante,
spontanée et naturelle. Cela passa très bien à
l'écran. Puis, surpris, je vois deux infirmiers amenant une
civière. « Pourquoi une civière ? » dis-je.
« Pour vous amener après le yoga ». Explication
: des mois auparavant ils avaient reçu un certain Joe Clemendore,
surnommé « le yogi des Caraïbes » qui avait,
paraît-il, fait des contorsions extraordinaires préparées
par un jeûne de trois jours. Après sa démonstration,
il était épuisé au point qu'on avait d'urgence
dû trouver une civière pour l'évacuer. Ils sont
tout étonnés de me voir repartir seul, à pied,
sans être épuisé ni effondré.
Cette émission eut des répercussions dont je ne mesurerai
guère limportance. »
Les premières méditations systématiques dAndré
Van Lysebeth appliquaient le schéma proposé par le
Swami de Chidambaram, tel que Yeats Brown l'expose dans «
The Lancer at large ». S'en suivit l'initiation aux exercices
posturaux; ce, essentiellement selon l'enseignement de Swami Shivanada
de Rishikesh (fidèle à lAshtanga Yoga de Patanjali).
André Van
Lysebeth donna ses premiers cours de yoga à Bruxelles.
« Le hatha yogi Srikantha Rao avait donc quitté la
Belgique pour les U.S.A. où la richissime fille du roi du
tabac était devenue son élève et lui signait
de généreux chèques en dollars. Quant à
moi, je continuais à assurer mes cours à l'institut
de beauté et la princesse Louise d'Arenberg y venait régulièrement.
Puis elle elle m'invita à l'accompagner lors de son prochain
voyage en Inde. Le programme était alléchant à
souhait : d'abord un peu de tourisme en Inde, puis "destination
Rishikesh". »
Il rencontra Swami Shivananda en avril 1963. Les deux hommes se
reconnurent. Le maître - infatigable propagateur du yoga -
aperçut les talents du disciple. Il l'incita à démarrer
un revue : « Andrew, you must start a magazine». La
revue « Yoga » vit le jour dès le mois de juin.
Swami Shivanada mourut en juillet. Référence de nombre
d'enseignants de par le monde, le périodique affiche aujourd'hui
le n° 285. André Van Lysebeth en est le principal rédacteur.
Il n'est pas inutile de préciser qu'en plus de trente ans,
la revue n'a jamais eu recours à la moindre recette publicitaire.
Vers 1960, André Van Lysebeth ouvrit une école et
fut à l'origine - avec Pierre Brel (frère de Jacques)
- de la Fédération belge de Yoga (instituée
en 1964). Ami de Gérard Blitz, il participa aussi à
la coordination des diverses formations européennes d'enseignants;
base de l'Union Européenne qu'ils créèrent
ensemble. Plusieurs milliers denseignants de yoga sont diplômés
de son école. En 1969, il fut la cheville ouvrière
d'un premier Colloque International au Palais des Congrès
de Bruxelles auquel participèrent mille cinq cents délégués
venus du monde en entier ( de l'Inde, en particulier).
Plusieurs séjours en Inde et l'invitation de nombreux yogis
en Europe, complétèrent ses sources. Ainsi, les Swamis
Chidananda, Satcitananda, Gitananda, Dhirendra Bramachari, Yogiraj
Bua, Dayananda; Nil Hahoutoff, et bien d'autres furent accueillis
à maintes reprises à lIntegral Yoga Institute
de Bruxelles. Il reçut aussi Swami Satyananda lors de stages
d'été.
En 1967, il publia un premier ouvrage (« J'apprends le Yoga
»). Suivirent « Je perfectionne mon Yoga », «
Pranayama », « Ma Séance » et « Tantra;
le culte de la féminité» (en 1988). Ses ouvrages
sont devenus de grands classiques. Certains sont traduits en une
dizaine de langues.
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